Depuis la découverte de punaises de lit suite à mon aménagement, j’ai consacré des heures à tenter de mieux connaitre ces bestioles, et comprendre comment m’en débarrasser : articles de presse généralistes, conseils glanés sur les sites des professionnels (on les appelle 3D, c’est le sigle qui désigne les initiales des sociétés qui travaillent dans les secteurs de Dératisation, Désinsectisation, Désinfection), reportages en ligne (site d’info ou Vlog de professionnels), forums…
Ce que j’ai pu constater, c’est que même si ce fléau est en augmentation constante depuis des années et que cela peut être un drame à vivre, il y a aussi d’un autre côté beaucoup de dramatisations qui profitent aux professionnels du secteur. Ces derniers proposent d’ailleurs des prestations hors de prix (400 à 600 € sur 2 à 3 interventions), qui ne sont pas souvent justifiées.
Cela reste des insectes, certes coriaces, mais traité à temps, il est tout à fait possible de s’en sortir seul sans brûler son appart ni ses meubles 😅. Oui, il n’y pas de solution miracle (a contrario par exemple des cafards), car les insecticides qui avaient permis leur éradication vers la première moitié du 20ᵉ siècle ont été par la suite interdits de par leur dangerosité. (le DDT notamment). Et les produits récents, moins efficaces, on eut pour effet de bord de sélectionner les individus les plus résistants, rendant l’espèce globalement plus résistante aux insecticides.
La chose primordiale est la rapidité de réaction. Dès les premières piqures, les premières traces détectées (on y reviendra), il faut mettre en place un plan de lutte.
0. Attention à la pseudo science
Éviter absolument les recettes de grand-mère que l’on peut lire ici ou là. Si cela marchait vraiment, on n’aurait pas eu besoin d’inventer des insecticides puissants, et les punaises auraient été éradiquées depuis longtemps !
On oublie donc les huiles essentielles, les feuilles de menthes, le bicarbonate de soude ou le vinaigre, qui n’auront que pour seules conséquences de vous faire perdre un temps fou !
1. Mettre une barrière naturelle
Contrairement à ce qu’il se dit, on peut tout à fait aller dormir dans une autre pièce le temps de traiter le problème, à condition de ‘condamner’ la pièce en question pour éviter de les faire se déplacer ou de les amener avec nous. Évidemment, c’est plus compliqué dans un petit appartement. Cela fera l’objet d’un article dédié.
Les punaises ne se nourrissent que de sang humain : sans cela, elles vont soit se mettre en ‘standby‘ dans une cachette (où elles peuvent tenir 1 à 2 ans !), soit, si elles sentent un humain à proximité, tenter d’aller rejoindre une autre pièce. La première chose à faire est donc de mettre de la terre de diatomée sur le seuil de la porte. C’est une poudre composée de micro-cristaux très tranchant pour les insectes. Dès qu’elles vont vouloir franchir la porte pour explorer une autre source de nourriture, elles sont se faire découper et mourir rapidement.
La terre de diatomée existe en poudre et en spray. Je conseille la poudre pour le bas des portes et les plinthes (souvent leur cachette favorite), et le spray pour les petits espaces moins accessibles (intérieur des plinthes si elles sont décollées, prises et interrupteurs électriques en pensant à couper le courant le temps de l’intervention) ainsi que pour l’encadrement des portes (car elles peuvent grimper évidemment…).
Attention, même si la terre de diatomée est naturelle (ce n’est pas un insecticide), il faut faire attention à ne pas la respirer pendant sa dispersion, car l’effet ‘tranchant’ ne sera pas top pour vos poumons 😅.
Ne plus rien sortir de la pièce (on verra plus bas comment traiter le linge). Je le répète, mais la pièce doit être considérée comme une ‘no-go’ zone.
2. Exterminer mécaniquement
Bon, maintenant qu’on a isolé mécaniquement la pièce à traiter, on peut commencer à les massacrer sans craindre qu’elles aillent se répandre un peu partout 😈.
Inspection
Avant d’utiliser de plus gros moyens, la solution la plus simple pour réduire et cerner la population des punaises est de regarder un peu partout sur le couchage pour détecter leur présence. Sauf grosse infestation, il sera difficile d’en voir plus d’une ou deux, mais attention au moindre point de couleur noire ou grise. À la moindre petite trace suspecte, prenez votre téléphone en mode prise de vidéo, et zoomez. Vous aurez peut-être des surprises !
Les petits points noirs peuvent également être des crottes de punaises. Cela permet de repérer leurs points de passage ou cachettes.
Enlever draps, défaire couette, oreillers, afin de mettre à nu le lit. Tout mettre dans un sac-poubelle et bien le refermer.
Faire la même inspection pour le matelas et le sommier (pour un sommier matelassé, arracher le tissu du dessous pour avoir accès aux lattes), ainsi que sur d’éventuels meubles suspects.
Si vous voyez quelques insectes, le mieux pour les tuer est d’utiliser un morceau de scotch pour les attraper. Ça permet d’être sûr de les choper, et de les bloquer (avec leurs éventuels œufs !). Refermer le bout de scotch en appuyant pour les tuer.
Aspirateur
La suite du traitement va consister à passer l’aspirateur sur le matelas et le sommier. Dans le cas d’une faible infestation (pas ou peu de punaises visibles), cela va permettre d’aspirer les insectes au stade juvénile (ils sont quasiment invisibles à l’œil nu à ce stade), ainsi que les œufs.
Aspirer ensuite le sol. Une fois terminé, jeter le sac de l’aspirateur (ou vider le bac dans un sac et bien refermer). Laver à l’eau chaude (avec éventuellement un peu de javel ) le bac et les tuyaux.
Le traitement des draps n’est pas urgent, on verra plus bas comment traiter le textile.
Vapeur
L’aspirateur ne permet pas forcément de choper tous les œufs et insectes. L’étape suivante va consister à passer de la vapeur partout sur le lit afin de tuer ceux qui ont pu rester. Les punaises meurent à partir de 50°, donc un nettoyeur qui éjecte de la vapeur à une centaine de degrés ne fera pas de quartier.
Deux erreurs toutefois à ne pas faire : ne pas utiliser la buse haute pression, qui va éjecter tout ce petit monde un peu partout dans la pièce (😱), et ne pas tenir la buse trop éloignée de la zone à traiter, afin que la température de la vapeur (qui diminue rapidement en sortie de l’appareil) reste suffisamment élevée pour les tuer.
Ces deux étapes (aspirateur et vapeur) peuvent être appliqués à d’autres endroits que le lit, si jamais vous avez aperçu des punaises ailleurs dans la pièce. En général, il faut surveiller les plinthes (voire carrément les arracher pour être sûr), les prises/interrupteurs, et les meubles autour du lit. Si vous traitez les plinthes, il faudra ensuite remettre de la terre de diatomée.
Il faudra ensuite répéter cette opération régulièrement, tous les deux/trois jours par exemple. À la fois pour avoir ceux qui sont passés entre les mailles, mais aussi pour choper ceux qui ont éclos entre temps…
Exfiltrer les textiles
Vous ne pouvez pas simplement vous servir dans votre armoire pour vous habiller : si une punaise ou un œuf y est présent, vous êtes bon pour disséminer l’infestation 😱.
Il faut considérer tout ce qui est dans la pièce comme contaminé, même si en général ce ne sera pas le cas (hors draps).
Pour les draps/couette, le plus simple est le lave-linge à 60°, suivit de 20 à 30 minutes de sèche-linge. Aucune punaise ne résistera à ce traitement. Attention à ne pas réutiliser le sac-poubelle qui contenait les draps ! Jeter directement ce dernier une fois les draps mis dans le lave-linge. De même, une fois les draps lavés et séchés, les remettre dans un sac-poubelle ou une boite plastique hermétique.
Pour le linge plus délicat, une solution alternative est le congélateur. Trois jours à -20° suffisent pour tuer punaises et œufs. Dans un sachet hermétique (mais pas sous vide, car la compression risquerait de protéger les œufs du froid), mettre le linge ou des objets fragiles (sauf électronique qui risquerait de ne pas résister). Pensez à y coller une étiquette à la date du jour pour savoir où vous en êtes.
Une fois passé les 3 jours, soit vous laissez vos effets personnels dans les sachets, soit vous les rangez, mais dans une autre pièce évidemment…
3. Achevez-les avec l’insecticide.
À ce stade, une bonne part de la population de punaises a été exterminé mécaniquement. Mais il en reste probablement planquées dans des recoins.
C’est ici que l’on va faire notre premier traitement insecticide. Pas avec ceux que l’on trouve en grande surface, qui risqueraient de disperser ou de rendre résistante la colonie. On va utiliser de l’Aedex C, dont se servent certains professionnels sous cette forme ou une autre. Ce produit (à diluer et à utiliser avec un pulvérisateur) contient un insecticide (non ?!), mais aussi d’autres substances qui optimisent sa diffusion. Une fois pulvérisé, il reste sur les surfaces pendant 2 à 3 semaines (mais non dangereux pour l’homme une fois sec), et tue tout insecte qui passerait dessus.
À ce stade, il y a deux écoles. Comme c’est un insecticide de contact, il est recommandé de retourner dormir dans la chambre 🥵, afin que les punaises sortent piquer et, ce faisant, traversent l’insecticide pour mourir rapidement.
Pour moi, il était hors de question de servir de cobaye, donc je vais privilégier la solution de pulvérisation régulière et abondante (afin de viser toutes les éventuelles cachettes) puis chien détecteur pour savoir s’il en reste encore.
Quoi qu’il en soit, une deuxième pulvérisation au moins est nécessaire (à une quinzaine de jour d’intervalles), dans le but de tuer ceux qui ont éclos entre temps. En effet, l’insecticide n’agit pas sur les œufs, et il faut alors attendre que ces derniers éclosent et que sortent de nouvelles bestioles pour pouvoir les arroser d’insecticides.
4. Se protéger
Une fois les traitements mécanique et chimique effectués, il va falloir protéger son lit au cas où certaines punaises auraient résisté.
Le but est de s’isoler pour empêcher de nouvelles piqures et éviter de faire repartir l’infestation. Plusieurs mesures sont à prendre afin de faire une barrière entre le sol et le matelas, parmi lesquelles :
- éloigner le lit du mur, faire attention à ne pas laisser trainer les draps au sol
- mettre du scotch double-face sur chaque pied du lit
- mettre des coupelles en plastique sous chaque pied du lit, que l’on remplit de terre de diatomée
- mettre le matelas et éventuellement le sommier dans une housse de protection anti punaises de lit.
Sans accès à votre lit, les éventuelles punaises restantes finiront par mourir de faim. Mais comme cela peut prendre plus de un à deux ans (!), il est évidemment plus sûr d’avoir tout fait en amont afin qu’il n’en reste plus.
5. Tester
Pour savoir si la pièce est à nouveau exempt d’insectes, il y a deux solutions.
Soit faire appel à un chien détecteur. Ces chiens sont dressés à reconnaitre l’odeur des punaises. Ils sont très fiables, mais pas à 100%. S’il reste une punaise bien planquée dans un recoin, ce n’est pas certain qu’il puisse la détecter.
Soit servir de cobaye. Donc redormir dans la pièce et attendre de voir si l’on se fait piquer. La difficulté est que cela peut prendre quelques jours, voir plus. Le temps qu’elles sortent d’une éventuelle cachette et arrivent à regagner le lit.
Une solution alternative serait de faire un piège à CO². Les punaises détectent en effet notre présence grâce -entre autre- à notre respiration. Certains arrivent à bricoler un piège qui génère du gaz carbonique, mais on verra cela dans un article dédié.
Voilà qui clôture ce petit condensé de solutions anti-punaises de lit, en espérant que cela vous aidera à combattre ce fléau !